Le massacre à l’Ecole Polytechnique



Il y a de cela 31 ans, à l’École Polytechnique de Montréal, un étudiant est entré dans une classe de génie mécanique en criant « J’haïs les féministes ! Vous êtes une bande de féministes ! » et ouvrit le feu sur les personnes présentes.

Il tua treize étudiantes et une administratrice: Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Michèle Richard, Maud Haviernick, Anne-Marie Lemay, Maryse Leclair, Barbara Klucznik-Wildajewicz, Sonia Pelletier, Maryse Laganière, Anne-Marie Edward, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Daigneault et Geneviève Bergeron. Toutes des femmes. 

  

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Deux ans après cette tragédie, en 1991, le Canada déclara le 6 décembre comme Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Cela a marqué une reconnaissance claire de la part du gouvernement que cette tuerie était motivée par une haine envers les femmes, bien que le débat public suivant la tuerie s’était concentré sur l’accès aux armes à feu. 

Commémorer cette tragédie est essentielle, mais il est tout aussi important de reconnaitre que le Canada continue de faire face à la violence contre les femmes et a du mal à en discuter. 

En avril 2018, un homme de 25 ans a foncé sur des passants de la rue Yonge à Toronto. Il a tué 10 personnes et en a blessé 16. Les motivations de son acte? Lancer la révolution des célibataires involontaires (aussi connus sous le nom de « incel »), une communauté d’extrême droite composée d’hommes croyant que les femmes sont responsables de leur célibat. Cette communauté glorifie la violence faite aux femmes comme rétribution pour leur mal-être amoureux. Le procès de l’auteur de l’attaque a commencé en novembre 2020, mettant l’idéologie incel en procès. 

Plus récemment, la tuerie en Nouvelle-Écosse d’avril 2020 est également liée à la violence faite aux femmes. Dans une folie meurtrière, Gabriel Wortman a tué 22 personnes, faisant de son acte le pire massacre de l’histoire du Canada. Bien que ses motivations restent incertaines (ayant été abattu par la Gendarmerie royale canadienne), Wortman était connu par les services de police suivant des plaintes pour violence domestique. En 2013, l’une de ses voisines a alerté les autorités que Wortman était un homme dangereux, abusif et armé. Il battait souvent sa conjointe et c’est d’ailleurs comme cela que son acte a débuté. Malheureusement, la police n’a apparemment pas fait cours à l’investigation, disant que peu puisse être fait dans ces situations. 

Après la tuerie, le gouvernement du Canada a mis en place des mesures de port d’armes plus strictes. Et, malgré la suspicion que cet évènement était lié à de la violence domestique et malgré la connexion connue entre les fusillades et la violence domestique, la question de la violence contre les femmes et de la violence fondé sur le genre n’a pas fait son apparition dans les débats publics et politiques, tout comme en 1989 suivant la tuerie de l’École Polytechnique. 

Le manque de conversation autour de la violence domestique et de la violence fondée sur le genre comme risque à la sécurité publique est préoccupant. Le fait que les femmes encourent de la violence quotidienne, risquant d’être agressées ou tuées par un étranger ou par un proche devrait être suffisant pour démarrer une sérieuse discussion au sein de la société canadienne. Mais peut-être le fait que la violence fondée sur le genre est l’un des précurseurs communs parmi les auteurs de tueries telles que celles énoncées ci-dessus pourrait être vu comme un enjeu de sécurité publique. 

Il faudra attendre avant de voir si ces conversations vont prendre place. La défense de non-responsabilité criminelle plaidée par l’auteur de la tuerie de Toronto va-t-elle fonctionner? L’enquête sur la réponse des autorités de la Nouvelle-Écosse va-t-elle examiner la question de savoir si la police a géré correctement la plainte pour violence domestique que la voisine de Wortman a déposé en 2013? 

Le futur nous le dira. Mais si l’on suit l’histoire, nous pouvons nous attendre à peu de réponses.


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